Les aides promises aux nouveaux membres seront "globalement positives, mais pas extrêmement significatives, et les déséquilibres macro-économiques de ces pays persisteront, notamment leurs déficits budgétaires", a estimé Sandor Richter de l'Institut viennois des études économiques internationales (WIIW), lors d'une conférence de presse. Lors du récent sommet de l'UE à Copenhague, dix pays d'Europe centrale et de la Méditerranée (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Malte et Chypre) avaient été invités à rejoindre l'union en 2004. Les Quinze s'étaient parallèlement engagé à leur fournir une aide de 40,8 milliards d'euros entre 2004 et 2006. Une fois déduites les contributions au budget européen des pays candidats, cette aide représentera, selon Bruxelles, un transfert net de 27,5 milliards d'euros. Mais selon les calculs du WIIW, les transferts financiers nets n'atteindront qu'entre 7,4 et 11 milliards d'euros sur trois ans. Les 40,8 milliards d'euros représentent des engagements, mais d'une part les paiements effectifs seront étalés dans le temps et interviendront pour certains après 2006, d'autre part de nombreux fonds sont liés à la réalisation de projets qui ne verront pas forcément le jour, a expliqué M. Richter pour justifier ses chiffres. Selon le WIIW, le principal résultat du sommet de Copenhague a été de réduire la part des aides liées à la réalisation de projets d'infrastructures, dont les montants sont incertains, au profit de paiements directs dont les montants sont garantis. Du coup, l'institut qui s'inquiétait avant Copenhague de voir certains pays candidats devenir contributeurs nets au budget européen dès leurs premières années d'adhésion, en dépit d'un niveau de richesse par habitant très inférieur à la moyenne de l'UE, estime aujourd'hui que ce risque est écarté. Cependant, "les flux nets vers les pays d'Europe centrale représenteront seulement 0,8% de leur PIB en 2005, selon le scénario le plus optimiste", a précisé M. Richter. Selon le WIIW, même les paiements directs agricoles aux nouveaux pays membres, qui ont fait l'objet d'âpres négociations avec Bruxelles, représenteront "des montants négligeables". L'institut a calculé qu'en 2005, ces aides représenteront 3% du budget agricole, seulement 0,01% du PIB de l'UE à quinze, et 0,25% du PIB des nouveaux pays membres. Ces fonds "vont accélérer la restructuration du secteur agricole des nouveaux pays membres, mais ne vont pas améliorer significativement la compétitivité internationale des exploitations, actuellement faible en raison de leur retard technologique", a estimé Zdenek Lukas, auteur de l'étude. Selon son collègue Josef Poeschl, un paysan polonais touchera en moyenne 450 euros d'aides en 2005, contre 2.000 euros pour un paysan autrichien. Les paiements directs "sont de l'argent de poche comparé aux besoins d'investissements des exploitations", estime-t-il, d'autant plus que les normes plus sévères de l'UE en matière d'hygiène vont entraîner des mises à niveau coûteuses. Les aides agricoles aux nouveaux pays membres, qui atteindront seulement 25% des aides accordées aux membres actuels lors de la première année d'adhésion, doivent cependant augmenter progressivement sur une période de dix ans jusqu'à atteindre l'égalité parfaite, selon l'accord conclu à Copenhague. |